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Cate Blanchett et Steven Stokey Daley : « Nous nous habillons souvent pour nous cacher ou nous révéler »

Pour sa 9e édition, le Prix LVMH a été décerné à l’artiste britannique Steven Stokey Daley. Mme Cate Blanchett, l’ambassadrice de l’événement, a remis le trophée à ce nouveau talent. Discussion.

« Bonjour… Comme un Oscar ! » (« Ça alors… C’est comme un Oscar ! ») L’acteur britannique Steven Stokey Daley s’empare de la médaille d’or de la 9e édition du Prix LVMH, récompensant un talent avéré dans la mode, plutôt qu’un gros lot.Oscar, un noble femme à l’œil magnétique et bienveillant, vient de lui être présentée. Sur ce plateau, Cate Blanchett ne joue pas. La star australo-américaine est ravie de voir l’émergence de cette jeune génération de créatifs axés sur la beauté et le caractère.

Le prix a longtemps été un hommage à des designers de renommée mondiale, tels que Nensi Dojaka (lauréate de la première édition), Jacquemus et Marine Serre. Le don de 300 000 euros et le consultant du groupe LVMH espèrent aider le lauréat à développer et promouvoir sa marque. Comme tous les nominés, Steven Stokey Daley est occupé par le travail historique des mannequins : faire rêver. Mais aussi le nouveau rôle que joue cette industrie unique : être un moteur du développement durable.

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C’est dans cet esprit qu’il a créé, sous son nom S.S.Daley, une collection pour défier les lois britanniques sur les uniformes des écoles privées, un univers qui l’oppose depuis sa sortie de la classe ouvrière et de Liverpool. Articles récupérés, vieilles choses … il a même changé de vieilles serviettes qui signifiaient du thé pour des chemises! Approuvé par les créateurs stars du groupe, Maria Grazia Chiuri, Nicolas Ghesquière, Jonathan Anderson, Silvia Venturini Fendi, Kim Jones, Stella McCartney et Nigo, ainsi que Delphine Arnault (vice-présidente de Louis Vuitton), Jean-Paul Claverie et Sidney Toledano, le créateur de 26 ans qui a déjà travaillé pour Alexander McQueen et Tom Ford, et porte également la pop star Harry Styles, l’actrice Emma Corrin et la chanteuse Dua Lipa. Il a du punk dedans, mais doux, rond, parsemé de motifs floraux. Ses costumes portent atteinte à l’identité et interrogent les règles de la tradition d’écriture. Et nous sommes heureux, en ce jour du jubilé britannique, de commencer cette rencontre entre ces deux sujets du Roi.

Mademoiselle Figaro. – Steven Stokey Daley, comment vous sentez-vous ? Steven Stokey Daley. – Vraiment? Je ne m’attendais pas à ça ! Je suis choquée, bouleversée et tellement excitée !

Cate Blanchett, que pensez-vous des finalistes et des gagnants ? Cate Blanchet. – J’étonne tout le monde, et je dois dire que je suis très impressionné par le message et l’histoire de la collection de Steven, qui rend hommage aux artistes britanniques. Je viens d’Australie, je connais la sensibilité de certains savoir-faire à perdre à jamais. Je pense aux femmes qui maîtrisaient les anciennes techniques d’impression et de peinture des tissus… (Se tourner vers elle.) Vous avez su nous montrer que votre collection m’a vraiment touchée.S. DAKOTA DU SUD. – As-tu remarqué? Merci ! En fait, j’ai commencé à travailler sur cette collection pendant la maladie, dans toute la mesure du possible. Rien n’entrait dans le pays, alors je me suis donné pour mission de trouver les meilleurs artisans locaux, de prouver notre héritage, ceux qui travaillent la soie, les filateurs et les fileuses de laine écossaise, le tissage et le lin irlandais…

Pensez-vous que la maladie nous a appris quelque chose sur la possibilité de reprendre nos activités comme avant ? S. S. D. – Cette saison a certainement changé notre regard et notre façon de travailler. Nous inciter à regarder ce qui est à l’intérieur de nous, à l’intérieur, a marqué la ré-émergence du petit artisanat local.C. B. – Je pense que les grandes marques s’inspirent de cette génération montante de créateurs qui ont dans leur ADN une façon de se rapporter aux motifs, aux images et aux interactions avec les autres. Même dans la façon dont ils traitent les employés et les clients, ils conduisent le changement.S. S. D. – Mes pairs ont les mêmes valeurs, c’est presque une seconde nature pour nous en matière d’environnement. Mais si je fais la stimulation, c’est aussi parce que je n’ai pas les moyens d’acheter de beaux tissus… Me poussant à jouer avec ce dont j’ai déjà l’habitude, le développement durable m’a aussi permis de modéliser mon travail !

La mode est un type de théâtre qui porte un message sur la société et peut conduire au changement.

A ce sujet, vous prônez une théorie : Cate Blanchett, vous avez fait les gros titres de la marche sur le tapis rouge dans des vêtements que vous portiez autrefois… C. B. – J’aime les belles choses, et quand tu auras l’opportunité et la beauté de pouvoir porter une robe couture qui est définie pour toi, ce sera non seulement triste mais idiot et idiot de n’en porter qu’une ! Tu vas rire, quand j’arrive à Cannes avec une belle robe, certains reporters, qui semblaient avoir honte de moi, me murmurent : « Je crois que tu portes déjà… » J’ai répondu : « Oui je sais !  » Là où je pensais à une sorte de divertissement, ils ont vu l’indifférence… S. S. D. – C’est une façon d’en savoir plus : montrer au monde qu’un vêtement peut durer plus d’une soirée, même usé, quelle beauté !

Votre travail, vos modes et vos films créent de l’imaginaire et s’accompagnent souvent de changements de société, parfois valorisants : pensez-vous que ce soit le cas ? C. B. – L’avenir est toujours fixé dans la tête des artistes. C’est là que le rêve commence. Nous racontons une histoire et nous invitons les gens à entrer, qu’il s’agisse d’un film, d’une collection de démonstrations, d’une exposition ou d’un livre… Ils entrent dans un paysage unique sans idées particulières, toutes les opportunités offertes. Pour en revenir à ta question, dans chacun de nos groupes, même si nous ne sommes pas les pires victimes, il y a pas mal de bêtises. Nous pouvons faire mieux et montrer que nous pouvons réduire les émissions de carbone.S. S. D. – L’enseigne est un cinéma qui porte un message sur la société et peut inciter au changement. Il fait preuve de créativité, de rêve et d’ambition sans se spoiler ! C. B.- Oui !

Cate Blanchett, grâce à ton travail, tu as pu porter des vêtements de toutes les saisons, même des robes Queen Elizabeth, pas très utiles… C. B. – Tout peut être réinterprété aujourd’hui, Nicolas Ghesquière (directeur artistique Louis Vuitton, ndlr) est bien habillé dans ses défilés iconiques ! J’aime habiter ces images comme leurs âmes : une belle opportunité d’entrer dans l’esprit des créateurs. Pour moi, même si une relation claire avec le réalisateur est importante, quand je décris une personne, c’est avec le styliste que j’entame la conversation, et c’est à vous d’exprimer l’état d’esprit de la personne. En fait, il y a une grande différence entre ce que nous pensons être, qui nous espérons être et qui nous sommes vraiment… Habituellement, nous nous habillons pour ne pas nous cacher ou nous révéler. La mode l’a bien compris, elle va de pair avec la simplification de nos envies, de nos objectifs et de notre inspiration.S. S. D. – Aujourd’hui, la cigarette n’a plus besoin de lignes claires à suivre, chacun peut piocher parmi mille tenues différentes sans dévoiler qui il est…. C. B.- Oui, je suis d’accord. Les gens me posent souvent des questions sur mon identité, mais – et c’est peut-être pour ça que je suis chanteuse – mon identité est si belle ! Évidemment je ne suis pas une amibe, j’ai un fondement moral et des convictions fortes, mais mon identité est sua… S. S. D. – Je comprends tout à fait. J’ai commencé à jouer quand j’étais adolescent, dans une compagnie country. Pendant un moment, j’ai pensé que je le ferais aussi avec ma carrière. Vous avez une belle histoire sur la construction d’un personnage à travers les vêtements. Quant à moi, je pense d’abord à une personne pour décrire son apparence.

Il n’est pas d’usage de faire un moine… S. S. D. – Non, le moine fait la coutume, le personnage décrit la robe. Pour une collection, je crée mon petit univers avec six ou sept lettres… C. B. – Oh, c’est super ! S. S. D. – Merci… J’écris toute leur histoire, leur biographie… Beaucoup de travail, trop d’écriture ! Mais toutes ces informations décrivent le vêtement, la coupe, les matières, les détails, ce que la personne peut faire et quel est l’état…

Les artistes, par définition, vivent du désir de l’autre : ce désir de reconnaissance publique est-il une opinion ou une force ? B. – Faire attention à la façon dont on sera accueilli avant de commencer le travail, c’est mettre le chariot devant le cheval, ce qui est une façon dangereuse de travailler. On ne peut jamais imaginer à l’avance ce qui va se passer. Je pense que c’est pareil pour la collection, il faut juste avancer, un pas à la fois.S. DAKOTA DU SUD. – C’est sérieux. Je m’interdis de penser au résultat, ou comment connaître le résultat de mon travail. Sinon, je ne peux pas avancer… C. B. – On ne se lève pas le matin… Mais il faut du courage. Moi, par exemple, je suis rempli de peur et de doute. Mais à la fin de la journée, nous nous levons et faisons ce que nous devons faire. Quand la photo arrive, je retourne sous le capot et je pense : « Personne ne va la voir »… et c’est toujours le cas ! (Tata.) L’idée de tout faire pour plaire aux gens est très frustrante, n’est-ce pas. Et en même temps, c’est vraiment cruel à voir, faire un métier qui fait vivre le public…

Les récompenses aident-elles à avancer ? C. B. – J’ai eu une expérience étrange cette année, et c’était très inattendu : j’ai reçu trois prix importants. Il faut comprendre qu’en tant qu’Australien, je ne pensais pas que ce serait reconnu et marqué en dehors de ma culture. Je n’y crois toujours pas, c’est vraiment intimidant pour moi, et je pense que toi, Steven, tu devrais ressentir la même chose quand ce groupe international de LVMH te donne une récompense…. En même temps, les récompenses sont enrichissantes, mais les échecs nous permettent d’apprendre. La route du succès – quoi que cela signifie – est semée d’embûches. Je sais, cela ressemble à un conseil de maman, mais c’est bien réel : on n’apprend pas grand-chose en remportant un prix, ne s’y tient pas.

Cate Blanchett, d’après votre expérience, avez-vous des conseils à lui donner ? C. Non ! Les suggestions ne sont pas abordables. Demandez à mes enfants, je suis tout le temps sur leur dos…

Alors, quelle question voulez-vous lui poser ? B.-Lua. Quelle musique vous motive ? Et : où vous voyez-vous dans cinq ans ? DAKOTA DU SUD. – Kate Bush ! Malheureusement, je l’ai beaucoup écouté lors de la préparation de ce recueil. Et dans cinq ans… Mon Dieu… Je ne sais pas. J’espère que vous êtes heureux et d’accord avec mes choix.C. B. – Avec qui veux-tu travailler ? Non, ne répondez pas, appelez-moi la semaine prochaine ! (Doigt de pied.)

Cedric Ledont
Cedric Ledonthttps://www.groupe-crc.org
Journaliste depuis près de 10 ans, j'ai vécu dans plusieurs pays et je reste toujours émerveillé de voir et d'apprendre de nouvelles choses afin de pouvoir le transmettre dans mes articles.
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