Le samedi 30 avril, l’ouverture du brochet devrait motiver de nombreux pêcheurs carnassiers. Alors que l’espèce est de retour dans le département, l’espoir d’attraper un beau spécimen, même très « gros », occupe déjà les esprits.
Depuis près de deux ans, la pêche au brochet a vu sa popularité grandir auprès des pêcheurs de carnassiers. Plutôt un mouvement de balancier quand on connaît la manie du sandre, et peut-être dans une moindre mesure de la perche.
Mais maintenant, capricieux et rendant fous ses amants, le ponceur en a poussé quelques-uns dans la gueule du brochet. Et quelle bouche ! Armé de 700 dents, soyez prudent lorsque vous accrochez l’appât. Car c’est ce nouveau challenge qui fait courir les pêcheurs de brochets, toujours accros à l’adrénaline : attraper un beau Big Beak avec de gros appâts (bigbaits), si possible entre 90 et 120 cm. L’idéal est bien sûr de lever ceux de plus de 90 cm, censés apporter une « vraie » satisfaction…
Une subtilité de plus, qui ne doit pas faire oublier, que quatre à cinq kilos de muscle en bout de ligne, avec le coup de sifflet de frein, c’est déjà bien. En tout cas, plus grisant que les vidéos dédicacées toujours plus bruyantes, regardées en boucle. Tout le monde le sait : rien ne remplacera jamais une bonne partie de pêche.
Pêche dynamique
Sommaire
Le succès des reproductions de ces dernières années est l’autre point positif, à l’origine de cette envie de sortir à nouveau le brochet. Bien que sa population reste fragile (classée espèce vulnérable en France), le roi des prédateurs semble suffisamment implanté pour satisfaire les pêcheurs qui le recherchent. Le programme de sortie dont a bénéficié le département (2018-2021) explique aussi ce phénomène de reprise chez les amateurs de sensations fortes (lire par ailleurs).
Aujourd’hui, la planète prédatrice offre un paysage contrasté. La pêche à pied, pratiquée au vif ou aux leurres, est devenue de plus en plus marginale, et ne semble réussir que dans des milieux restreints, où les poissons restent relativement concentrés. Au contraire, la pêche en barque règne presque sans conteste sur les grands barrages.
Pour nos pêcheurs de gros brochets et les carnassiers en général, le bateau est indispensable pour optimiser leurs chances de réussite. Changez de position, peignez-les à la distance idéale, toujours attentif à l’écho sondeur… Difficile d’abandonner ! Le lancer et le retriever sont ici la pratique principale, d’où l’émergence d’une pêche au brochet dynamique, basée sur des gestes répétitifs et précis (attention aux tendinites). En attendant, le float-tube continue de séduire. Son volume et sa maniabilité et sa discrétion pour accéder à des postes encombrés et difficiles la rendent forcément très compétitive, avec en plus une dimension sportive bien revendiquée.
Les 20 dernières minutes
Sur le terrain, deux types de leurres sont particulièrement utilisés. D’abord ceux qui vibrent (spinnerbait et shatterbait), et qui permettent d’attraper des poissons de taille moyenne, le plus souvent entre 50 et 70 cm. Ensuite, place à de bons gros leurres souples (18 à 25 cm), à manier plutôt lentement ou rapidement en début de saison. Pour chacun d’eux, il faut vraiment utiliser un stick différent.
Le samedi, il est fort probable que les poissons soient déjà très actifs. Les températures élevées de février ont peut-être provoqué la reproduction du Grand Bec plus tôt que prévu. Mais attention, une fois la partie de pêche commencée, rien ne presse !
Les bigbaits
Les pêcheurs ont le choix entre des leurres durs (jerkbaits) ou des leurres souples (swimbaits). Très volumineux (de 20 à 35 cm), ces leurres descendent dans la nappe d’eau. En hiver, ils sont particulièrement intéressants car leur grande taille motive le prédateur à faire un effort pour se déplacer. Ici, le rapport effort sur production, taille du repas, est déterminant.Une autre situation favorable est la ponte des dorades (mai-juin). Pendant cette période, un petit leurre passe inaperçu, tandis qu’un bigbait déclenche l’intérêt et l’agressivité. Enfin, un gros leurre est particulièrement adapté aux grands milieux. Aux grandes profondeurs, et dans les très grandes stations de pêche, le volume d’eau qui « bouge » est un facteur de succès indiscutable. Pour cette pêche à haute sensation, l’utilisation de gros leurres nécessite des cannes et des moulinets très puissants, puis des tresses et du nylon fluorocarboné extrêmement résistant.
Le pic d’activité des brochets est toujours très court, environ 20 minutes, mais d’une rare intensité, et peut se répéter plusieurs fois (ou non) dans la journée. Leur déjeuner commence à tout moment. Vers 8 heures du soir, comme en fin d’après-midi… Il faut donc s’armer de patience, et pêcher le plus longtemps possible pour conserver ses chances d’attraper un, plusieurs ou zéro brochet… En une demi-heure , certains pêcheurs ont eu l’incroyable expérience d’attraper un, deux, trois ou même quatre brochets dans la même zone. À l’heure actuelle, personne ne semble être en mesure d’expliquer un tel comportement. Dès lors, pour éviter trop de frustration, les spécialistes conseillent aux débutants d’opter pour des leurres de 18 cm maximum. Ces « fourre-tout » pourront également tenter une ponceuse ou une perche de belle taille.
Parcours multiples
Quel parcours choisir samedi ? Réputé pour sa pêche aux carnassiers, le département de l’Aveyron offre de nombreuses destinations. Par exemple, la rivière Lot, au niveau des chaussées de Grand-Vabre et de Flagnac. Les amateurs de gros brochets choisiront le barrage de Pareloup, mais pour le nombre de morses, celui de Sarrans.Les autres lacs propices sont ceux de Pont-de-Salars et de Maury.
Il faut également signaler les petits milieux propices à la pêche au vif : Le Roudillou (Roussenac) La Gourde à Canet-de-Salars (no-kill), les Planèzes (Luc-La Primaube). D’autres sites prometteurs existent encore et attendent les pêcheurs de brochet…
Le samedi, avant de lancer votre ligne, n’oubliez pas de régler le frein du moulinet et d’ouvrir l’épuisette en grand, une bonne surprise peut vite arriver… Bonne pêche à tous !
Des lâchers de brochets ambitieux
Pour la période 2018-2021, la fédération a lancé un vaste programme d’empoissonnement (brochets, black-bass, carpes, etc.). Les lâchers de brochets ont concerné la rivière Lot : Grand-Vabre, Flagnac, Boisse-Penchot et Capdenac. Les barrages de Maury et Castelnau-Lassouts Lous, le lac du Val de Lenne à Baraqueville, La Gourde, Pareloup, Pinet, La Jourdanie et La Croux ont également bénéficié de ces déversements, après ces grosses opérations (environ 5 tonnes de brochets au total ) , un taux de capture important était régulièrement signalé par les pêcheurs de carnassiers. Cependant, le programme de libération n’est pas mené pour améliorer la reproduction de l’espèce. C’est vraiment l’environnement qui le détermine. Le but est avant tout de satisfaire rapidement les pêcheurs. On peut aussi voir sur ces sentiers que les brochets qui ne sont pas attrapés ou remis à l’eau grossissent et c’est tant mieux pour tous les amoureux ! Les deux parcours sans tuer, là encore, semblent donner satisfaction, soit à Livinhac-le-Haut, sur la rivière Lot, soit plus récemment au lac de la Gourde, sur la commune de Canet-de-Salars. Le troisième, prévu à Baraqueville, Val de Lenne, en 2023, devrait aussi faire des heureux. Avec, en plus, l’aménagement futur d’une impressionnante frayère de 550 m2, dont le niveau d’eau constant devrait assurer une reproduction régulière, les pêcheurs de brochets devraient être satisfaits.