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Pollution des paquebots de croisière : tout comprendre sur la pomme de discorde qui secoue Marseille

DÉCRYPTAGE – Une semaine après la publication de sa pétition, signée par 48.000 personnes, l’édile Benoit Payan a de nouveau insulté le « lobby géant des croisières » ce mardi dans un tweet. Ne suivez rien ? Nous vous expliquerons tout.

« La Méditerranée se meurt à petit feu mais les lobbyistes du géant de la croisière veulent continuer à la détruire. A Marseille, qu’ils le veuillent ou non, nous continuerons à nous battre. » Benoit Payan semble bien décidé à enterrer la hache de guerre après sa pétition controversée. Des élus de Marseille ont répété, dans un tweet, ce mardi 2 août, un discours prononcé deux semaines plus tôt.

Le 21 juillet, le maire de Marseille (élu en 2020 sous le label Le Printemps marseillais, alliance de gauche) a publié sur le site officiel de la ville un texte intitulé « Stop à la pollution maritime en Méditerranée ». Il a déploré « le niveau de pollution dans les villes portuaires [qui] n’est plus acceptable » et a dénoncé « les sales paquebots de croisière, qui crachent leur fumée sur nos côtes en toute impunité ».

« Ce bateau est une ville flottante qui continue d’émettre de la pollution comme un million de voitures », a déclaré l’élu, appelant à la mise en place de normes internationales « strictes et ambitieuses ». Et, d’abord, que le préfet a interdit aux « bateaux les plus pollués » de faire escale dans la deuxième ville de France pendant le pic de pollution.

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1,8 million de passagers par an

1,8 million de passagers par an

Pour comprendre cette demande, il faut revenir un peu en arrière. En 2018, dans la deuxième ville de France, les émissions d’oxydes d’azote d’origine maritime – dont 20 % sont dues aux navires de croisière – ont dépassé pour la première fois les émissions routières, selon l’observatoire régional de la qualité. Eau AtmoSud. En 2019, 1,8 million de passagers se sont rencontrés dans le premier port français de cette région, qui a enregistré 497 escales, selon les chiffres du Club de Croisière Marseille Provence.

Si la municipalité soutenait auparavant les activités des croisiéristes, tout change en 2020 avec la nouvelle mairie. Qui a débuté son mandat en réduisant la subvention annuelle de plusieurs dizaines de milliers d’euros accordée au puissant yacht club marseillais, « un cercle où le lobby a le dessus », selon Laurent Lhardit, l’adjoint marseillais chargé du tourisme. L’année suivante, la mairie annule purement et simplement son adhésion pour « désaccord avec la stratégie touristique ».

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On pourrait penser que le confinement, et l’arrêt général de la navigation, calmeraient la situation, au contraire : néfaste en termes d’image pour les géants de la mer, l’épidémie n’est pas neutre en termes de pollution. Selon Atmosud, l’impact du bateau, bloqué sur le quai mais contraint de maintenir son activité électrique pour l’équipage à bord, a été catastrophique. En juin 2022, la tension monte à Marseille alors que deux géants de la mer, Wonder of the Seas et MSC Orchestra tentent d’accéder au port. Des militants en pirogues du collectif Stop Croisières ont bloqué leur entrée. Ils ont expliqué leur geste dans un fil sur Twitter, où ils ont dénoncé « le loisir peut tuer » et n’est pas aussi bénéfique pour l’économie locale qu’on pourrait le penser. L’avis partagé par Laurent Lhardit, qui a regretté auprès du correspondant du Figaro : « peu d’intérêt économique, car les escales sont trop courtes et la plupart des croisiéristes restent à bord ». L’étape marseillaise devrait cesser d’être considérée par les armateurs comme un balcon avec une vue imprenable sur la ville .

La dernière goutte qui a fait déborder le vase au milieu ? Le 18 juillet, alors que la ville était placée en alerte 2 pour pollution à l’ozone, un épais nuage s’échappait du Valiant Lady, un bateau de croisière à quai, comme nous le raconte notre correspondant. de la fumée noire émane du laveur, ce filtre est placé dans les cheminées du navire ce qui permet de réduire les émissions de soufre mais implique également de réduire les eaux de lavage vers le rivage. A ce titre, son utilisation dans les ports et dans la limite des 3 milles nautiques est également interdite par la loi française à compter du 1er janvier 2022.

Comme l’a expliqué Pierre Saint-Gilles du Figaro, citant Jean-François Suhas, président du Conseil de développement du port de Marseille Fos, le navire aurait sciemment choisi d’activer le mécanisme ce jour malgré les récriminations du maire. L’image de ce nuage noir alors que la ville suffoquait a choqué les Marseillais et jeté de l’huile sur le feu déjà brûlant.

Réduction du soufre et branchement des navires à quai

Réduction du soufre et branchement des navires à quai

Mais alors que veut le maire de Marseille ? Dans sa missive, il a appelé l’Organisation maritime internationale (OMI), l’organisme onusien chargé du transport maritime et de la gestion de la pollution en mer, à prendre de nouvelles mesures pour réduire les émissions de soufre des navires. Rappelons que les autorités onusiennes ont créé en juin la zone SECA en Méditerranée (« zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre ») où est imposée la teneur maximale en soufre pour le carburant. Il n’en a pas suffi à la mairie, qui a souhaité la création d’une seconde zone, baptisée ECA, pour la régulation stricte des émissions de polluants résiduels et notamment des oxydes d’azote. A l’étude depuis septembre 2020, la mesure est censée être mise en place d’ici 2025. Trop tard, juge Benoit Payan.

Depuis sa publication, la tribune a recueilli 48 000 signatures et suscité de nombreuses réactions dans le camp des croisiéristes. Dans la forme, d’abord, Erminio Eschena, président du CLIA, s’est étonné par exemple auprès de nos confrères de Tour Mag que le maire « lance une pétition » au lieu d’agir. Sur le fond avant tout, le secteur met en avant les efforts consentis ces dernières années. Les acteurs locaux du secteur comme le Grand Port maritim de Marseille, l’établissement public qui gère et exploite le port, ont immédiatement adressé un courrier à la mairie pour rappeler l’action qui a été menée : l’acquisition de drones permettant de distinguer le plus. la pollution des navires et le projet de connecter les navires dans les docks pour couvrir tous leurs besoins énergétiques essentiels, comme c’est déjà le cas dans d’autres ports européens comme Southampton.

Ce projet, intitulé « Escale zéro fumée », permettra d’éviter le moteur lorsque le navire est à quai. Le maire de Marseille se dit prêt à donner 10 millions d’euros (sur un total de 30). Une étude a également été menée pour mesurer avec précision l’impact de la présence des bateaux sur la santé des habitants du port.

Face aux critiques, le secteur en pleine mutation s’efforce de faire mieux. Notamment en construisant de nouveaux bateaux, avec des carburants « propres » comme le gaz naturel liquéfié (voir notre article récent sur Costa). Ou en choisissant une unité plus petite, avec moins d’impact. Pour améliorer sa relation avec les riverains, le Port de Marseille a de son côté ouvert en 2019 les « Dialogues Ville-Port ». Qu’est-ce qui peut acheter la paix sociale à Marseille ? Lors d’une visite fin juillet, le ministre des Transports Clément Beaune s’est livré à un bel exercice « en même temps » : « Je ne veux pas m’opposer à l’activité : on peut répondre à l’aménagement et aux exigences écologiques qui seront plus grande. dans les années à venir ».

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