mardi, décembre 5, 2023
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Une équipe du CHU de Lille s’engage pour prévenir l’usage dangereux du protoxyde d’azote pa

Le protoxyde d’azote ou gaz hilarant est détourné de son utilisation première pour provoquer une euphorie temporaire. Un usage qui s’est développé notamment chez les jeunes qui souvent ne connaissent pas les conséquences irréversibles. Un collectif médical s’est créé à Lille pour mieux faire face à ce phénomène. Première en France.

Le protoxyde d’azote, également appelé « proto » ou « gaz hilarant », était à l’origine utilisé dans l’industrie alimentaire pour fabriquer de la crème fouettée dans un siphon. Il est également utilisé comme anesthésique (MEOPA) dans le cadre médical.

Ce gaz contenu dans de petites capsules, que l’on trouve sur le comptoir des siphons à chantilly, peut cependant aussi être injecté dans un ballon puis inhalé. Il a alors le pouvoir de provoquer instantanément l’euphorie pendant deux à trois minutes.

On le voit aux capsules que l’on retrouve en grand nombre le long des trottoirs ou sur les pelouses des parcs urbains. Cet usage récréatif est, depuis quelques temps déjà, un véritable phénomène chez les adolescents et les lycéens, avides de vivre un bref moment d’euphorie. Mais sont-ils conscients des effets dévastateurs de ce gaz ?

Altération de l’équilibre, tétraplégie passagère, pour le docteur Grzych, Maître de Conférences des Universités et métabolique au CHU de Lille, les effets de ce gaz sont clairs : « ce gaz hilarant peut avoir des conséquences dramatiques ». Le protoxyde d’azote est une molécule très oxydante. Il est massif et la consommation chronique entraîne l’inactivation de la vitamine B-12 essentielle au bon fonctionnement de nos os et de notre moelle, les conséquences peuvent être, la perte de contrôle (surtout en voiture), l’apparition de thrombose, de complications motrices, conduisant à la paralysie , qui nécessite l’utilisation d’un fauteuil roulant, et ce, de façon irréversible ».

Cette consommation massive s’explique aussi par le fait que les premiers symptômes sont souvent bénins et donc non alarmants (effet euphorisant). Effets immédiats et brefs, conduisant les utilisateurs à des consommations répétitives. L’effet de mode, le petit prix, l’accessibilité du produit sont aussi autant de raisons qui justifient cet engouement des jeunes pour le protoxyde d’azote.

Avec cela, il y a l’hypocrisie de certains fabricants. Le Dr Grzych note : « Avant, nous comptions les cartouches dans une fête ; maintenant, nous comptons les bonbonnes. » Et pour cause, les fabricants commercialisent désormais sur leur site des bidons pouvant contenir l’équivalent de 100 gélules.

La ville d’Annecy a pris un arrêté pour limiter la vente de protoxyde d’azote. (Dessin)

© LEYLA VIDAL / MAXPPP

Pire, sur ces sites marchands, la vente de ces canettes se conjugue à l’iconographie, qui met l’accent sur une ambiance de fête avec alcool et tabac. On est très loin d’un gaz qui permette la fabrication d’un gâteau à la chantilly. Ces sites vont même jusqu’à vous proposer d’être grossiste.

Le problème explique le Dr Grzych, c’est que « la commercialisation de ces canisters, minimise la consommation. Lorsqu’on utilise plusieurs petites gélules, les jeunes peuvent visuellement prendre conscience de la quantité absorbée. L’utilisation d’un canister, enlève tout discernement sur la quantité absorbée ». (alors qu’en réalité ils consomment une centaine de gélules d’un coup). » Ce conditionnement favorise sans doute la surconsommation.

Pris dans le temps et la consommation de ce gaz arrêtée immédiatement, on peut grâce à un traitement mis en place rapidement, soigner le patient. Mais si la consommation continue, les séquelles sont irréversibles. D’où la nécessité de poser le bon diagnostic et le plus tôt possible.

C’est l’une des principales difficultés auxquelles sont confrontés les médecins : poser le bon diagnostic. L’utilisation du protoxyde d’azote a également des effets chroniques, des engourdissements ou des troubles de la marche similaires à ceux de la sclérose en plaques, par exemple.

La meilleure formation des médecins, pour un diagnostic fort et plus rapide, est l’un des objectifs du collectif médical, fondé par le Dr Grzych, la neurologue Céline Tard, et la toxicomane Sylvie Deheul, au CHU de Lille avec le soutien de l’ARS des Hauts-de-France.

Ce collectif de médecins réunit également des biologistes et des cardiologues afin de créer une synergie de groupe, de partager les protocoles établis par les différents praticiens. Objectif : offrir les meilleurs soins au patient.

Le laboratoire du CHU de Lille.

© Docteur Guillaume Grzych

L’objectif est également de mieux comprendre les effets du protoxyde d’azote sur l’organisme. Notamment en recherchant de nouveaux marqueurs sanguins, afin de déterminer de nouveaux traitements.

L’objectif de ce collectif, précise le Dr Grzych, « est aussi de mieux comprendre les effets du protoxyde d’azote sur l’organisme ». Notamment en recherchant de nouveaux marqueurs sanguins, afin de déterminer de nouveaux traitements Actuellement, on sait que la vitamine B12 peut aider la récupération physique du patient, mais il n’agit pas dans tous les cas.Certains patients consomment par exemple des compléments alimentaires enrichis en vitamine B12.Ceux-ci n’auront aucun effet.s’ils continuent en parallèle avec la respiration de protoxyde d’azote, car rappelons-le, le gaz empêche la vitamine d’agir. »

L’idée du collectif est de proposer :

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